Bernard©  Pinon 1998-2020

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Dernière mise à jour:
Dimanche 13 décembre 2020

Avec la démocratisation des micros-ordinateur apparaît une nouvelle race de musicien. La compacité et le faible coût du matériel permettent de s'installer des petits studios à la maison qui rivalisent en qualité avec les grands. Les DJ deviennent de moins en moins diffuseurs et de plus en plus créateurs. Les réseaux classiques de distribution boudent ces nouveautés, mais de nouveaux réseaux parallèles se créent. Internet va s'imposer de plus en plus: comme tout est numérique, tout peut se transmettre sur le réseau des réseaux, sons digitalisés, programmation d'instruments, fichiers MIDI, paroles et même clips vidéos. La composition sur ordinateur influence la manière de composer, en mettant en avant la possibilité d'exécuter des figures injouable par un être humain, de synchroniser des pistes, de copier/coller, d'insérer des ponctuations sonores, et de jouer avec n'importe quel sons existant.

Techniquement, c'est le sampleur, ou échantillonneur, qui marque l'époque: cet hybride de magnétophone numérique et de juke-box permet d'enregistrer un son et d'en jouer ensuite en faisant varier la fréquence de lecture de l'échantillon. On peut, par exemple, enregistrer un chien qui aboie et ensuite jouer ce son sur toute la gamme. Associé à l'ordinateur, le sampler permet de réaliser facilement et en quelques minutes le travail qu'Edgar Varèse a mis des mois à terminer avec des moyens analogiques. Les synthétiseurs délaissent le FM pour les tables d'ondes qui utilisent des sons d'instruments traditionnels ou électroniques digitalisés. Enfin, une petite boîte destinée à faire une ligne de basse et dont le son était si peu 'naturel' qu'on voulu la retirer du marché, va être à la base du 'son Techno': la TB-303 de Roland.

Dans les night-clubs de Chicago, de Detroit, de Belgique et d'Allemagne, les DJ commencent à inventer une nouvelle forme de musique, qui combine répétitions, collages et sons électronique.

Le nom de musique Techno s'impose comme terme générique, et on voit apparaître une profusion de styles et sous-styles dans lesquels le néophyte se perd. La technologie engendre de nouvelles manières de composer: la table de mixage devient un véritable orgue à son sur laquelle le DJ improvise, procède par addition/soustraction de pistes, collages, enchaînement et insertion de motifs digitalisés ou scratchés.

Le succès populaire de la "World Music" entraîne des métissage, l'Afrique ou l'Asie intègre l'électronique, Cheb Khaled s'allie avec Safi Boutella, et Nusret Fateh Ali Khan avec Massive Attack (album: "Must Must").

La répétition s'impose, au début par paresse parce qu'il est plus facile de copier-coller cinquante fois la même mesure que d'en inventer cinquante différentes, puis parce qu'on découvre son pouvoir hypnotique. Ou plutôt qu'on redécouvre, car cela fait bien longtemps que Glass ou Reich ont balisé ce domaine. On découvre aussi le pouvoir des sons graves sur le corps et on multiplie les borborygmes infra-sonores qui provoquent les frissons des danseurs sous Ecstasy. On compose de la musique comme un chimiste compose un cocktail de drogues, une rasade de basses pour le corps, un soupçon d'aigüs pour la tête. On pille à tour de bras les créations des anciens, à commencer par Kraftwerk ou Can, mais aussi James Brown, sans doute l'un des plus samplé. Selon le dosage du cocktail, le tempo, la couleur musicale et la destination finale, on distingue des styles, qui sont tous basés sur le même tryptique: répétitions, collages, sons synthétiques. La musique, aussi soignée soit-elle, devient une musique de l'instant, un happening: qu'importe le musicien pourvu qu'on ait la transe, "pas de fans, pas de star". On écoute plus la musique, on la ressent, on la vit comme ce fut le cas aux origines, quand les percussions rythmaient les danses tribales.

On voit aussi apparaître de plus en plus de jeunes créateurs indépendant que les majors ne peuvent controller, au point qu'on se demande si finalement on ne va pas aboutir à une situation extrème où chacun fera sa musique dans son coin au lieu d'écouter celle des autres! J'avoue que je me perd un peu dans la myriade des styles  techno, à croire qu'il y en a un différent par groupes. Voici quand même quelques points de repères:

Et enfin, mieux vaut tard que jamais, les Gaulois commencent à faire entendre leur voix avec des musiciens comme Air ou les Daft Punks. Eh ben, il était temps!